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jeudi 20 février 2025

22èFIFO -La Nuit du Président.

Ben Salama   au   créneau

 

                     Au 3 février 2025, le 22èmeFIFO, nous a gratifié.es d’un Président du Jury au parcours hors normes, tant il ne s’est encombré d’aucune manœuvre dite diplomatique d’autocensure. Du moins, je ne le pense pas. Documentariste "engagé" comme on dit et pourtant, il ne le signale jamais, ne s’en vante pas, ne semble jamais en tenir compte ! Motus & bouche cousue ! La liberté, la vérité avant la carrière, c’est loin d’être banal. Et c’est rare ! Ce réalisateur, critique, auteur & théoricien d’envergure, d’une "humilité sans égal", se nomme BEN SALAMA. 

 

        Ce n’est pas la 1ère fois qu’il met les pieds au FIFO. Déjà au 11èFIFO de 2014, était-il présent en tant que candidat-réalisateur. Avec NAISSANCE d’une NATION, le documentaire sélectionné nous ouvre sur l’éventuelle édification d’une nation à partir de la réconciliation officielle de Lafleur & de Tjibaou, représentants des 2 ethnies principales de Nouvelle Calédonie. Film tourné en pleine mutation politique, il s’est inscrit dans l’effervescence de l’actualité néo-calédonienne. Mais 11 ans plus tard, il ne le souligne pas ! ! !

     Son parti pris d’introduire deux jeunes, une Kanake, un Caldoche m’avait interpellée pour sa manière originale, adaptée et empathique de coller à la personnalité de ces jeunes générations : Ben Salama enfreindrait les tabous ! comme à son habitude, peut-on le noter maintenant.

Le discret Ben Salama  

         En toute humilité (encore !!! mais oui !) il confesse devoir grandement «apprendre de la réalité océanienne, devoir s’adapter, & surtout jouer le médiateur» au sein du jury. Dans la réalité, Ben Salama, très respectueux de chacun, se conforme à une éthique humaniste, universaliste qui autorise à tous d’assumer son propre fonctionnement. Malgré le parcours étonnant qu’il a mené, il ne se permet aucun conseil, aucune certitude.


Un président de jury atypique

     Le choix du Président par l’AFIFO semble  audacieux dans le contexte actuel de l’Hexagone où toute opinion devient suspecte & où la censure coule à flot ! NAISSANCE d’une NATION (2013) connotait indirectement l’implantation sur la terre des Kanaks, d’Algériens indépendantistes, déportés pour raisons politiques, pendant la colonisation & durant l’Empire, ajoutant les Communards comme Louise Michel.

      Mieux encore, Ben Salama s’est commis aussi dans des documentaires dont la ligne de mire semble plutôt engagée : ...Edwy Plenel le gratifiera du plus beau des compliments concernant son DOC de 2016 sur l’Algérie, en pleine période anti-immigration, à savoir qu’il «fait passer un vent de liberté, d’internationalisme concret, d’humanisme concret» dans le «monde du documentaire,  à un moment de refus de toutes les puissances»

    « Les catholiques ont Rome, les musulmans, La Mecque, les juifs, Jérusalem, les révolutionnaires, Alger », commentait Amilcar Cabral, leader indépendantiste de Guinée-Bissau, sur cette période faste du début de l’indépendance algérienne (1962-75).

Une nation de déportés politiques, de forçats, mais  avant tout ! de KANAKS

         Il est vrai que son Algérie d’origine paraît d’autant plus lointaine qu’elle se trouve sur le continent africain ! Alors, que peut bien faire son histoire, son indépendance douloureuse après 7 ans de guerre, malgré les promesses contractées avec les nations colonisées de la France Libre...  

       Ben Salama fait preuve d’une honnêteté de chercheur à toute épreuve... de créateur au sens critique exacerbé ce n’est que leur mise en parallèle, de l’extérieur qui fait sortir les interactions. .indirectes mais certaines...


Une "soirée spéciale "calédonienne

     Ben Salama, après la cérémonie d’ouverture du 22èFIFO en fin d’après-midi, enchaîne avec la coutumière "NUIT DU PRÉSIDENT" en présentant un autre de ses documentaires, daté  de 2017 :  SAINT-LOUIS, UNE HISTOIRE CALÉDONIENNE. Un cadeau purement destiné à l’assistance océanienne. Délicatesse de plus. C’est sous l’aura de son hôte calédonien, la solidarité qu’il lui voue suite aux incidents de 2024, que Ben Salama tient à s’effacer... Quelle grandeur d’âme...

      Accompagné de Wallès Kotra, néo-calédonien –à qui il ne cesse de rendre hommage, & de déléguer la parole–, sur la scène du Grand Théâtre de Te Fare Tauhiti Nui, il répondra aux questions de Laura Théron, déléguée générale du FIFO.    


Laura Théron, Ben Salama, Wallès Kotra

      C’est que Saint-Louis, une histoire calédonienne n’est pas un épisode des plus simples, qu’il prépare la situation de rupture de cette dernière année. Il est des décisions coloniales, des clivages tout à fait indécents & déraisonnables pour ne pas dire déments & forcément explosifs à long terme ! ! ! Nous voilà à plein pataugeant dans les séquelles d’une structure politico-sociale –celle de la mission catholique forgée de toutes pièces, sur une forme de non-droit–,  "l’indigénat".

    Dans un pays, marqué par les privilèges accordés à l’ethnie gouvernante –par association ou apparence–, comment rééquilibrer les courants, constamment assimilés à des  "forces" ? Tout est faussé ! Le fossé de la "maltraitance politique" ne peut être comblé d’un coup, les malversations subséquentes continuent de courir, avec leur lot d’inégalités...  Combien de générations réussiront à s’en laver ???

     Que de la déploration !


Des sujets qui "froissent"  

      Bref, moi je me réjouis que Ben Salama ait mis en exergue la capitale méditerranéo-africaine bafouée, devenue le point de ralliement des idéologues révolutionnaires : "Alger la Blanche devenue Alger la Rouge".  La France y perdait d’un coup son héritage libertaire !  Le tout, dans un DOC mesuré mais hautement instructif !

      ALGER LA MECQUE DES RÉVOLUTIONNAIRES (2016) doit certainement déranger une bonne partie de l’opinion publique française, nationaliste, revancharde, raciste... Des années occultées par le silence des médias. En tout cas, un documentaire qui paraît intrépide de nos jours, tant il paraît injurieux, sur la toile elle-même, de tenir des propos ou agiter des valeurs idéologiques progressistes démocratiques.

 


      Il est vrai que Naissance d’une Nation ne peut nous faire oublier, cette colonisation impensable, qui fait d’une terre habitée par une population inconnue un bagne : qui accorde pleins droits aux ex-forçats, aux colons appelés en renfort, et met à l’écart les habitants d’origine –les Kanak– !   Ben Salama n’est pas venu pour briller mais pour compatir au sort de ses amis océaniens. Une belle leçon d’humanité. Chapeau ! .

 

 

Un article de  Monak

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